Fançois Miller

Caudéran, 1947 - vit et travaille à Marmande

(3 photographies de la série Brésil)

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A partir de 1981, jusqu'à la publication en 1993 de l'ouvrage Brésil en douce, François Miller voyage chaque année au Brésil. Ce pays constitue un territoire d'élection pour sa pratique photographique. Sa posture est celle d'un passant, réalisant des prises de vues au gré de ses déplacements. Dans les photographies en noir et blanc, François Miller s'écarte des facilités "couleur locale" et des clichés associés à une culture trop souvent réduite à son carnaval et à ses tonalités flamboyantes. Il photographie autant des espaces urbains que des paysages paisibles éloignés des trépidations citadines. Ces lieux donnent à voir l'immensité d'un pays, soulignée par la présence récurrente de l'eau, créant ainsi une sensation d'infini, une invitation à découvrir d'autres espaces.

Claude Nori

Toulouse, 1949 - vit et travaille à Biarritz

(6 photographies de la série Lungo mare)

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Lungo mare rassemble des photographies prises par Claude Nori, durant l'été 1982, dans différentes stations balnéaires italiennes. Portrait d'une jeunesse joyeuse, cet ensemble est une chronique sensuelle et nostalgique, nourrie de réminiscences de ses propres vacances d'adolescent dans ces mêmes lieux. Ces images ont été publiées en 1983 dans un ouvrage intitulé L'Eté dernier. Manifeste photobiographique. Coécrit avec Gilles Mora, le livre met en parallèle deux journaux de voyage, associant texte et photographie : celui de Claude Nori vers l'Italie de ses racines et celui accompli le même été par Gilles Mora dans le sud des Etats-Unis. Il s'ouvre par une prise de positon, un "manifeste" sur la conviction des deux auteurs de la nécessité de placer au cœur de l'acte photographique 'l'expérience autobiographique". Ce désir de laisser s'exprimer l'expérience privée, l'implication du photographe dans ce qu'il choisit de montrer, caractérise cette "nouvelle photographie" qui entend rompre avec l'image constat et la prétendue objectivité du médium, tout autant qu'avec la prouesse formelle et gratuite. C'est en partie grâce à Claude Nori, fondateur en 1975 des éditions Contrejour, que ces aspirations trouveront à se concrétiser. Recourant au récit, réel ou de fiction, adoptant la forme du journal intime ou de voyage, nombre de jeunes photographes trouveront dans le livre un support de création et de diffusion adéquat.

Raymond Depardon

Villefranche-sur-Saône, 1942 - vit et travaille à Paris

(1 photographie de la série Le désert américain, 1983)

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Au premier plan de cette photographie, un homme saisi à contre-jour salue le départ d'un paquebot. L'image au cadrage serré, fortement contrastée s'organise autour de la diagonale de son bras tendu. Elle est extraite de l'ouvrage Le désert américain, publié en 1983 par Raymond Depardon et dédié à Olivier Roux, son ami et complice, décédé l'année précédente. Il était le monteur de ses films : Numéro zéro, Reporters et San Clemente. Le livre témoigne de trois voyages effectués par le photographe, en 1982, aux Etats-Unis, dont le second avec son ami.

Raymond Depardon revient ainsi immortaliser les lieux où ils étaient passés ensemble. Les photographies sont accompagnées dans la publication de courts textes : t sont évoqués des souvenirs, des sentiments ou des détails liés à l'instant de la prise de vue. L'auteur indique ainsi que ce bateau vu dans le port de San Francisco part pour l'Australie. Le Désert américain montre dans son ensemble un "voyage du deuil, solitaire". L'ouvrage, dans sa construction, "peut être perçu comme un plan-séquence de film, re-découpé image par image, plan par plan", soulignant la particularité de la position de Raymond Depardon, à la fois photographe et cinéaste, dont le travail est imprégné d'une veine documentaire et de préoccupations plus intimes.